Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/28

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

silence s’applique comme un casque et bouche les oreilles.

Titubants, ivres de bruits et de fatigue, imprégnés de l’odeur de la boue pestilentielle, les hommes partent à la file indienne vers le camp. Le sentier longe le lac creusé par la drague.

Sur les flancs du coteau s’étagent les cases des ouvriers. Des jardins plantés de bananiers et de maïs ; des parcs fermés par une palissade en piquets de wara où les agamis sauvages gardent des poules comme nos chiens de berger gardent les moutons ; un bassin d’eau claire ; et, tout en haut, la maison sur pilotis du personnel de la drague.

Delorme, penché sur sa barbe, les genoux fléchissant à chaque pas suivant l’usage des hommes trop grands, songeait, en gravissant la côte, à cette maison qui lui apparaissait maintenant si misérable.

Il revoyait les planches placées sur des chevalets en forme de table, les vêtements de cuir jetés sur le sol, les outils épars, et tout le délabrement de la salle commune d’un camp de mineurs.

Après le bain du soir, il rôda entre les cases alignées sur le terre-plein qui formait une vaste terrasse. Un secret désir le poussait vers le carbet de