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durent aider l’Indien dont les genoux fléchissaient.

Très tard dans la nuit, les hommes étaient encore accroupis autour du feu. La lumière rouge du brasier accentuait les ombres des visages creusés par les souffrances.

A peu près également nus, quatre Saramacas à la silhouette squelettique, Marcel Marcellin, Delorme, Pierre Deschamps, Marthe et l’Indien, étaient tout ce qui restait de la caravane partie six mois auparavant du placer Elysée.

Depuis vingt jours, les vivres et les munitions épuisés, ils vivaient de poissons, de crabes et de fruits crus. Le défaut de sel était la plus cruelle souffrance. La nuit, pour se protéger du froid et de l’humidité, ils dormaient côte à côte sur un lit de feuilles sèches.

La fatigue et les privations avaient peu à peu dispersé les hommes du convoi dans les tombes hâtivement creusées au bord du fleuve.

Ils ne parlaient plus. Leurs yeux semblaient hallucinés par la flamme du foyer ; ils se tenaient grelottants de fièvre et de froid, en cercle, comme des loups décharnés.

Renard, le forçat, était mort le dernier. Ils n’avaient pas eu la force de l’enterrer et l’avaient laissé dans la pirogue où il était tombé. Ils avaient recouvert son corps de palmes vertes et de hautes