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clair, d’une limpidité diaphane et bleue. Un printemps éternel règne ici.

Ainsi, Marthe chemine aux côtés du Peau-Rouge dans le jardin de la jungle…

Des tonnelles et des bosquets couverts de liserons blancs et violets, des labyrinthes et des grottes, des treillages et des charmilles et d’immenses palissades de lierre et de chèvrefeuille sauvage, des arceaux de lianes, des talus d’herbes grasses, des corbeilles de badianes au parfum d’absinthe, des espaliers de vigne-vierge grimpante… et de larges avenues soudain fermées par un mur de feuilles vertes amoncelées, des allées mystérieuses et des pelouses d’herbes de Para… Et, tombant en cascades, des terrasses de volubilis, d’églantines, de fenouils, d’héliotropes géants, de verveines, de jacinthes et de crocus jaunes, s’élevant des bords du fleuve jusqu’aux sommets vertigineux des hautes frondaisons.

Les bergamotiers en fleurs ont une odeur acide de citron ; des bosquets d’orangers reposent sur un tapis de neige odorante. Les canelliers versent sur le sol leur écorce grise et les gaïacs exhalent une odeur capiteuse de coumarine et d’origan.

Ainsi, Marthe, presque nue, sous des vêtements de percale déchirés par les lames des cactus, et l’Indien splendidement nu, les reins couverts d’un