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voyait et ne comprenait pas. Il avait cependant conscience d’être à son tour dans un état nouveau, et il se sentait ignorant et inutile, semblable à un homme parmi les esprits.

— J’irai, disait-il, j’irai avec vous… ne m’abandonnez pas.

Assis auprès de lui, le fantôme l’examinait tristement. Le forçat tendit les mains vers lui. Ils restèrent ainsi longtemps, serrés l’un contre l’autre, écoutant la voix des hommes qui se souvenaient et parlaient une langue inconnue.

Ah ! comme ils se souvenaient !… Chacun des détails du prodigieux voyage qu’ils venaient de faire était présent à leur esprit.

Sur la plaine couverte d’arbustes et de broussailles, ils avaient marché comme des somnambules.

Leur corps était plus léger qu’un brouillard ; ils avaient franchi les obstacles sans effort ; un instinct nouveau les guidait. Chaque faculté de leur âme avait atteint le degré de la perfection.

Les souvenirs de la longue route étaient si profondément gravés en eux que les autres images du monde extérieur apparaissaient à peine.

Ils ne s’étonnaient pas d’avoir marché sur l’eau