Page:Galmot - Un mort vivait parmi nous, 1922.djvu/222

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


XLVI



LES phénomènes habituels qui accompagnaient l’apparition du fantôme ne les surprirent pas. L’air troublé avait une odeur acide et pénétrante. La fumée bleue qui se formait au milieu d’eux était lumineuse ; et, avant même qu’ils aient pu en discerner distinctement les contours, l’ombre blanche était devant eux.

Cependant l’apparition, ce soir, semblait les tenir en extase. Ils regardaient le fantôme, les yeux dilatés, les mains tremblantes.

Delorme parla le premier.

— Tu n’étais pas avec nous, dit-il… bientôt, nous partirons à nouveau… Maintenant, nous connaissons la route sur le fleuve. Devons-nous penser que tu resteras ici ?

Le fantôme, les yeux fixés vers la baie ouverte sur la nuit, semblait absorbé par le croissant de lune qui gravissait lentement l’horizon.

Un malaise inconnu brouillait ses yeux ; il paraissait souffrir et ne pouvait exprimer les raisons de sa peine.

Comme il se levait, frôlant au passage Marthe qui le regardait anxieusement, la maison se remplit de brume.