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village créole sont envahis par des lianes rampantes.

Tout près de nous, la jungle menaçante grimace à notre approche. Elle a repris ses droits ; son avant-garde occupe déjà le terrain abandonné par l’ennemi en déroute.

Le silence flambe comme une moisson incendiée sur le terre-plein. Devant la case de Marthe, un vertige m’arrête. Mes lèvres murmurent :

— C’est ici…

Mais Pierre gravit déjà l’escalier de la case commune.

Le jardin de Marthe est un verger inhabité ; des plantes folles couvrent jusqu’aux plus hautes branches ; les allées ont des tapis d’herbes grasses.

Nos pas résonnent dans la grande case qui est vide. Il y a sur la table des fleurs flétries qui sont comme une lumière éteinte.

Nous restons là jusqu’au soir, épuisés par l’étape trop longue, attendant dans une douloureuse lassitude, le retour des mineurs.

Glissant entre les cocotiers, ombres noires à l’approche de la nuit, les hommes, un à un, apparaissent sur le terre-plein et se dirigent vers la case.

Où étaient-ils, d’où viennent-ils ?