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Pierre Deschamps, une fois encore, m’interroge sur les hommes du camp. Que sont-ils devenus ? Colbert, le mulâtre élégant, sanglé dans son costume blanc comme un officier d’infanterie coloniale… Loubet, le chef mécanicien aux larges épaules, Ganne, le comptable décharné dont la peau était tendue sur les os comme une voile le long d’un cordage… Mais ses questions restent sans réponse, car je sais bien qu’il les fait pour se dissimuler à lui-même l’image qui l’obsède.

Je sais bien que Marthe habite son âme et qu’il n’y a pas de place en lui pour d’autres pensées.

Soudain, me prenant par le bras et continuant à marcher à mon côté sans me regarder :

— Ce n’est sans doute qu’une coïncidence, dit-il… Marthe arrive à Elysée… Dans le même temps, une force irrésistible me fait quitter Enfin… Je pars… c’est vers elle que je vais… vers elle… comprends-tu cela ?… Marthe est au placer, et moi, dans quelques instants, je serai là.

Je sens sous mon bras son coude qui tremble. Ses yeux se sont tournés vers moi, mais, pour ne pas les voir, j’observe sur le sol la trace fraîche d’un tapir.

Les Saramacas donnent la chasse au tapir qui