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sur le seuil de la porte, parle d’une voix qui tremble légèrement :

— Je n’ai besoin de personne, dit-elle, je suis habituée à la vie des bois. J’ai de l’or pour payer ma nourriture au magasin. J’attendrai les hautes eaux…

Les hommes, penchés sur la table, se regardent à la dérobée, sans répondre.

— Je crois qu’il y a un tracé du placer au dépôt Lézard pour retrouver le fleuve…

— …

— Peut-être pourrais-je faire la route à pied… Il me faudrait un guide…

— Il n’y a pas de guide… Nous avons besoin de nos hommes…

Comme la jeune femme descend, Delorme la rappelle :

— J’espère que vous ne vous ennuierez pas trop… fait-il, avec une hésitation dans la voix.

Appuyée sur l’échelle qui monte à la case bâtie sur pilotis, la jeune femme montre à ras du sol sa tête ébouriffée :

— Je ne m’ennuie pas… J’ai seulement un peu peur de vous…

Un éclat de rire. Les hommes se regardent et partent à nouveau d’un grand rire qui secoue la table.