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Le fantôme m’observe de côté, à la façon d’un épervier. D’étranges lueurs brillent dans ses yeux… Je le questionne encore et je sais que cela ne sert à rien. Aucune voix ne répond à la mienne.

— Que sont devenus les aventuriers, les fous de gloire et d’orgueil, les hommes hallucinés par l’or ?… Et les désespérés ?… Ceux à qui le mystère a été révélé et qui sont morts, dans leur rêve, sans avoir eu la divine vision, les grands proscrits : Barbé-Marbois, Pichegru, Collot, Victor Hugues, Lafont-Ladébat, Barthélémy, Tronçon-Ducoudray ? Ils ont souffert et la plupart d’entre eux sont morts ici.

Toutes les générations du peuple guyanais ont vu passer des conquérants. La trace sur le fleuve des grands explorateurs de ce temps n’est pas encore effacée : Crevaux, Coudreau et Lavaud, et la légion des créoles, héroïque envolée, ininterrompue depuis cinquante ans, d’aigles présomptueux.