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XXXV



ET cette nuit qui durait toujours…

— Interroge le fleuve, les bêtes et les arbres…, avait dit la voix.

Le jeune Indien rassembla quelques morceaux de bois sec. Une odeur de résine nous prit à la gorge, et une flamme s’éleva, fumeuse, qui n’éclairait que le premier plan des objets voisins. La lumière rouge faisait ressortir chaque chose en relief écarlate sur le fond noir. Des jets de flamme illuminaient les colonnes des arbres et jusqu’aux sinuosités lointaines et brillantes du fleuve.

Le feu montait, et tournoyait ; il projetait, comme une roue de feu d’artifice, des formes étranges qui disparaissaient et auxquelles d’autres formes succédaient sans cesse.

Dans l’encadrement des larges ouvertures de la case, les lianes et les feuilles de wara, qui semblaient suspendues par miracle dans la nuit, se détachaient, lumineuses, sur le fond du ciel nocturne et faisaient un dessin rouge et transparent.

Bientôt, attirées par le feu, les bêtes de la