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Cependant, la voix du fantôme répète distinctement l’appel magnifique : — El Dorado est toujours vivant…

D’heure en heure, la voix du Fleuve se fait plus nombreuse dans la nuit. C’est un bourdonnement répété et sourd, un long murmure qui va croissant, comme le bruit d’une cascade à l’approche de la pirogue.

Par la baie ouverte sur le firmament, on aperçoit la lune, pareille à une ombre argentée dans un écrin d’ébène. On dirait que chaque arbre est devenu pensif. Les étoiles et la Solitude écoutent. Mes sens sont à l’unisson du grand Silence.

D’une voix basse et passionnée, le Fleuve raconte la merveilleuse aventure… Un peu de vent s’élève ; une force inconnue agite l’air.

Sous la pâle clarté lunaire, se balancent les hamacs des pagayeurs suspendus entre les colonnes des cèdres.

L’haleine de la forêt est calme, vivante et régulière, comme le sommeil d’une femme.

C’est un bercement qui endort… et c’est l’obsession des effluves parfumés qui viennent des bois odorants… et c’est encore et surtout le calme splendide…