XXXI
A pluie tropicale ruisselle sur le toit en feuilles dans un vacarme continu. A travers les branches de la toiture ajourée, des gouttes tombent, une à une, comme des larmes.
— Les ombits, dit le vieux Saramaca aveugle, parcourent le fleuve la nuit et le rendent terrible. Ils forment comme un brouillard, et, lorsque la pirogue passe au travers, ils parlent. Parfois ils ont des formes humaines et des yeux de chat.
Cependant, le vieillard n’éprouve aucune crainte, car les ombits sont les esprits des hommes qu’il a connus et qui sont familiers.
Les hommes et les femmes de la tribu nous entourent. La présence du mineur malade et du jeune Indien leur est désagréable. Et je vois bien qu’à mon tour je dois préparer mon départ.
Les Saramacas ont de grands yeux lumineux et noyés, comme ceux des êtres qui vivent au contact de l’eau.
Une sorte de détresse m’envahit à me trouver sous le regard fixe de toutes ces prunelles. Ces hommes sont semblables à des fauves ou à des sourds.
Arrivé le premier, je dois partir le premier. Le carbet des étrangers appartient au mineur malade.