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XXX



L’OREILLE aux aguets, nous entendons un bruit de pagaies.

Un canot glisse vers le dégrad. Des nègres Bonis descendent de la pirogue, puis vient un jeune Indien soutenant un mineur qui marche péniblement, tantôt se traînant avec difficulté sur ses jambes, tantôt sautillant comme un grand échassier blessé.

L’Indien, à peine adolescent, la peau luisante sur une musculature souple et puissante, parle avec un beau sourire et demande l’hospitalité pour la nuit.

Le mineur, en poussant le canot échoué sur un banc de sable, a mis le pied sur une raie. Il a été cruellement blessé au talon.

La raie a la couleur du sable ; longue de deux mètres, large de plus d’un mètre, elle forme au fond de l’eau un tapis que l’œil de l’homme ne distingue pas. Lorsqu’un pied la heurte, elle se redresse ; les aiguillons crochus qui garnissent sa queue frappent, déchirent la peau, et instillent un poison aussi dangereux que celui du serpent.

Les Saramacas saluent les visiteurs avec bienveillance et disparaissent un à un dans la nuit.