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XXIX



LA vie allait de la sorte, monotone, semblable à la vie régulière du fleuve.

Il se trouvait que le village saramaca était au centre d’un cirque de collines, ouvert aux deux extrémités pour le passage presque à pic de la rivière. Mais personne ne s’était aventuré au delà des montagnes.

Où donc allaient les mineurs et les pirogues chargées de marchandises ?

Et les convois de matériel et de vivres conduits par des hommes qui parlaient des langues inconnues ?

Le vent lui-même soufflait toujours dans le sens de la pente de la vallée, emportant les brouillards et les aras dans sa descente.

C’était comme un accord de toutes les choses vivantes et inanimées : tout s’en allait vers le bas.

Cependant, un secret instinct avertissait les hommes qu’un monde de merveilles s’ouvrait très loin, en amont, là où personne n’allait… Nul n’en avait jamais parlé, mais tous en avaient eu, à une époque de leur vie, la mystérieuse révélation.

— Toi seul demeures en arrière, comme une souche au bord du sentier.