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Des profondeurs humides de la forêt, tout un monde de bêtes vêtues de couleurs éclatantes est venu s’accrocher ainsi aux draperies suspendues sur le fleuve dans la trouée où passe le soleil et forme une immense tapisserie recouverte de broderies aux teintes vives et de festons animés.

Les têtes acérées des serpents vibrent ; les ailes des oiseaux-mouches tremblent ; de bizarres insectes, semblables à des crabes rouges, grouillent sur les larges feuilles et grimpent le long des fils enchevêtrés.

Tout près du dégrad, une roche plate est un parterre de marguerites et de coquelicots. Mais ces fleurs ont toutes les nuances, du blanc laiteux au jaune pâle, toutes les dégradations du rouge à l’ocre, du vert ardent au violet fané. Parfois, au passage d’un maipouri turbulent, le tapis de fleurs s’anime… les corolles deviennent des ailes, des ailes frémissantes de papillons déracinés du sol, qui décrivent des arabesques dans la lumière, avant de revenir prendre leur place au jardin immobile,

Ainsi, après l’orage, les bêtes viennent demander à la rivière visitée par le soleil, le calme et l’oubli des mauvais jours.

Ainsi, mon âme a retrouvé la sérénité.