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Les repas des Saramacas sont faits de riz, de poisson boucané ou frais et de cassave, toujours assaisonnés d’huile de coco et de piment. Ils mangent très peu, leur ration quotidienne est, en quantité, inférieure au repas d’un enfant d’Europe. Ce sont cependant d’admirables athlètes.

Les Saramacas mangent à la porte du carbet ; ils roulent avec leurs doigts le riz bouilli et la cassave en boule et les trempent dans la sauce pimentée. Les femmes mangent à l’écart.

Ma gloutonnerie était pour eux un objet de stupéfaction qu’ils s’abstenaient le plus possible de manifester, de même qu’ils s’abstenaient de tout commerce avec moi, tout en témoignant une politesse souriante et un peu dédaigneuse.

Ils n’ont, de même que les Indiens, aucune religion. Ils ne croient qu’à l’Esprit qui est un dédoublement invisible de l’homme. L’Esprit n’a aucune puissance. Il vit, parmi les Saramacas, de la même vie que les êtres charnels.

La vie de ces hommes sauvages est tout entière sur le fleuve. Ils partent sans raison, les pirogues vont à la dérive ; ils rentrent le soir ayant fourni, pour remonter le courant, un énorme effort musculaire que rien ne justifie, si ce n’est la joie même de l’effort et le plaisir de vivre sur l’eau.

Ils pèchent rarement, et sans prendre aucune peine, se contentant de jeter à l’eau quelques bras-