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Le dégrad des Saramacas formait un appontement construit en patawa imputrescible.

Une vingtaine de pirogues étaient amarrées aux pylônes. Un groupe d’enfants nus qui piaillaient s’enfuirent comme une volée d’oiseaux, répandant autour d’eux la nouvelle.

— Odio, Boli, odio, ala souma. (Bonjour, Boli, bonjour vous tous.)

Les hommes et les femmes répondaient sur un ton traînant et aigu :

— Iia… iia.

Un vieillard qui marchait péniblement, appuyé sur un bâton, vint à moi, me prit par la main, et me conduisit au carbet des étrangers.

C’était une case en bardeaux couverte de wara et dont l’entrée, démesurément élargie, s’ouvrait sur le camp, de façon à permettre d’observer du dehors tous les gestes de l’occupant.

Pas de meubles. Le lit était un boucan placé à trente centimètres du sol et formé de gaulettes rondes. C’était un lit sans matelas ni sommier ; cependant, les gaulettes étaient flexibles comme des ressorts et l’on y dormait mieux que dans un hamac.

Des enfants apportèrent des oranges, en échange de quelques morceaux de sucre.

Je remis au chef un paquet de tabac. Une vieille femme vida le contenu du paquet dans un mortier