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potement des loutres, au réveil, ni le passage du maipouri, ni le vol d’un oiseau aquatique.

De l’ombre ouatée sortit bientôt une longue pirogue semblable, au loin, à un arbre flottant.

— Mango, mati… (Bonjour, ami…)

— Odio… (Bonjour.)

Les Saramacas, d’un élan des larges pagayes, lancèrent la barque vers moi. Ils s’arrêtèrent à une brasse de la berge, m’examinèrent avec soupçon.

— Gado (l’Esprit) a conduit les Saramacas près de toi… d’où viens-tu ?

Bientôt, la pirogue qui m’avait pris à bord filait sur le courant comme une flèche.

Les Saramacas ne pagayent pas comme les Indiens. Ils donnent quatre coups rapides, puis s’arrêtent ; la pirogue glisse sur son aire et, lorsque la vitesse se ralentit, les pagayes s’enfoncent à nouveau dans l’eau ; l’Indien, au contraire, nage sans arrêt.

— Fo méki gnan, you no sabi,

Massa Gado gui mi fichi.

(Pour faire à manger, vous ne savez pas,

L’Esprit me donnera du poisson).

Les Saramacas chantaient. La lente mélopée s’accompagnait du balancement de la yole, légère et comme aérienne, qui semblait voler au ras de l’eau.