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mon âme qui s’était donnée à elle et qui ne vivait plus que dans la lumière de ses yeux.

Pour elle, d’autres étaient morts, d’autres souffraient une vie de tortures. Et pour moi, comme pour tous, elle n’avait que sarcasmes et dérision.

Je revoyais Delorme, les coudes appuyés sur la table où s’était penché le fantôme ; il cachait son visage dans ses mains que les sanglots secouaient.

Tour à tour, séduits et trahis, les hommes du camp devaient-ils tous disparaître ?

Elle était, comme toutes les femmes, frivole, perverse et cruelle.

Une impression de fatigue et de satiété m’était venue dans un abattement qui me laissait las comme si toute ma vie était brisée.

Ma pensée allait, malgré moi, à l’Indien.

Je ne sais pourquoi j’attribuai mon désespoir à son absence. Je l’invoquais, mon esprit ne rencontrait que le vide et le découragement.

Le jour, plus robuste, fondait les teintes tendres du matin ; les brouillards du marais se confondaient avec les moutonnements de l’herbe drue et s’élevaient en larges nappes blanches et transparentes. La plaine, sous ce dais immatériel, scintillait comme une mer lointaine et semblait s’élever avec les ombres qui montaient lentement vers le ciel.

Il n’y avait pas d’autre issue, pour échapper à