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de l’homme, je courus vers le champ de bananiers ; Marthe venait déjà à ma rencontre.

Je suis là, au bord du marécage, tremblant devant la vie comme une hirondelle des mers fascinée par les feux d’un paquebot.

Plus fragile qu’une branche dans la jungle, que suis-je dans cette vie éperdue ?

La nuit, profonde comme l’eau d’un port, m’accable, et je suis seul. Sous la fièvre qui monte, je ne peux plus ni penser, ni agir.

Il y a, au sommet de la colline, une case où brille une lumière. Des fruits font des taches dorées sur la table, parmi les verres, la porcelaine et les roses rouges de France…

Un coup de feu éclate, puis un autre… puis le silence lourd et mouillé ; puis, très loin, des cris que le vent disperse et qui passent sur le marais comme des râles.

De nouveau, un coup de feu… La solitude frémit avec un bruit de feuilles froissées, comme tremble soudain un peuplier au crépuscule.

Je crois entendre la voix lointaine de Marthe… des sanglots et des prières.