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grande activité à l’enseignement des petites filles des familles pauvres.

Quelques filles pieuses étaient entrées à la Charité en 1695 « pour la direction des filles pénitentes » (un « Refuge »). D’autres, pour y prendre soin des incurables, tenir la pharmacie, etc. Elles furent constituées en communauté « de la Providence », le 11 juin 1707. — Le 8 septembre de cette année, l’abbé Molin fit venir, à ses frais, de la communauté de Saint-Charles le Lyon, deux sœurs, Antoinette Trevon et Catherine Vial « pour commencer l’école des pauvres » ; ces deux sœurs trouvèrent plus profitable de se retirer de la Providence « pour enseigner les enfants des riches de la ville ». L’abbé Molin ne se découragea pas : il envoya à Lyon, à Saint-Charles, une stéphanoise de 21 ans, Jeanne Dager, « pour apprendre à tenir les petites écoles ». À son retour, cette fille entra à la Providence et ouvrit la première Petite-école le 30 février 1708. D’autres religieuses, instruites par Jeanne Dager, furent attachées à la même œuvre.

Ces sœurs enseignantes, le 5 novembres 1734, quittèrent la Charité à la suite d’un conflit avec les recteurs, accusées par ceux-ci de n’avoir « voulu se soumettre à suivre la règle et police généralle establie par le Bureau pour tous ceux qui sont renfermés dans cette maison de prendre des billets de sortie »… alors cependant que la Charité avait été bienveillante pour elles, qu’elle les avait logées et qu’elle leur avait fourni « sans intérest ny profit bien des choses utilles et que l’on serait charmé de continuer attendu l’utilité de leurs fonctions aux pauvres filles de cette ville qu’elles enseignent »… Conseillées, semble-t-il, par le curé Thévenet, elles s’en allèrent je ne sais où. Ce n’est qu’en 1740 (le 28 décembre) que Gabrielle de la Vehue leur donna, place Roannel, une maison qui devait leur servir de logement et recevoir aussi l’école de filles de ce quartier. En 1789, elles étaient, là, dix sœurs. J’ai sous les yeux la règle de cet ordre : je n’y pourrais faire — l’éducation pieuse de l’institutrice mise à part — aucune constatation d’ordre pédagogique.

Je n’ai que de vagues indications sur les emplacements de ces anciennes écoles de filles : rue de Lyon, à Polignais, etc. L’école de la place Roannel existe encore : la façade est ornée d’une petite niche avec une madone.

c) Efforts pour mieux faire. — Ces six écoles publiques étaient bien loin de répondre aux nécessités de la situation. La population de deux paroisses stéphanoises est évaluée par Messance à 23.000 habitants au commencement du siècle et à 28.000 en 1780. Douze classes de 70 élèves ne pouvaient recevoir que 840 élèves, le contingent scolaire