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gion comme la pierre angulaire du bon ordre. Aussi l’enseignement du peuple était-il, surtout, œuvre de piété, placé sous la direction et la surveillance de l’Église, des curés et des évêques. L’instituteur devait d’abord remplir cette indispensable condition d’offrir toutes les garanties au point de vue de la foi[1]. L’Édit de Nantes ne permet aux réformés d’ouvrir des écoles que dans les villes où l’exercice de leur culte est permis.

Jusque vers la seconde moitié du XVIIe, le souci de l’instruction du peuple semble avoir été borné à des recommandations comme celles des conciles dont je viens de parler : « qu’il y ait dans chaque paroisse une école » (Chartres 1526) — « il y aura des maîtres d’école pour l’instruction de la jeunesse dans toutes les paroisses » (Cambrai 1565) — « qu’il y ait des écoles dans les villes, bourgs ou villages » (évêque d’Évreux 1576), — etc. Je ne veux pas dire qu’on ne fit rien, mais on fit très peu. Vers le milieu du XVIIe on tenta, plus généralement, une organisation qui, dans certains diocèses, allait prendre un caractère administratif. Il y eut un mouvement, inspiré, je le répète, par un désir de propager l’instruction religieuse. Dans le diocèse de Lyon, on avait obtenu, le 7 mai 1674, un arrêt du Conseil défendant de tenir école sans la permission de l’Archevêque. Des Lettres-patentes de mai 1680 placèrent ensuite, sous son autorité toutes les écoles du diocèse. De 1679 à 1681, on créa à l’Archevêché un « Bureau des Écoles », un service d’inspection et même de sous-inspection[2]. L’action de l’Archevêque sur les écoles au point de vue « spirituel » s’exerçait naturellement par un de ses vicaires généraux ; c’est au point de vue du « temporel » que le Bureau devait agir. Au fond, les deux catégories d’intérêts n’étaient pas distinctes et les inspecteurs s’inquiétaient des deux avec une égale autorité.

Ce Bureau avait pour attribution principale la direction du séminaire lyonnais, de Saint-Charles, qui était une véritable école normale. L’action de ce séminaire devant s’étendre sur toute la circonscription diocésaine, son directeur était aussi le directeur général des écoles du diocèse. Mais on pouvait instituer, on institua, des Bureaux locaux relevant du Bureau de Lyon et bénéficiant d’une presque complète autonomie.

Je vois qu’à la suite de l’inspection de 1687, un Bureau de ce genre fut institué à Saint-Étienne ; qu’en 1720, le 20

  1. Les témoignages sont nombreux. Voir notamment l’Édit d’avril 1695 sur la juridiction ecclésiastique (article 25).
  2. À la suite de l’inspection de 1687, deux instituteurs stéphanois, Carrier et Terrasse, un prêtre et un laïque, furent chargés, en sous-ordre, d’une inspection permanente.