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Je vais ouvrir ici une parenthèse et rappeler la tentative de création d’une sorte de collège, de véritable école primaire, tout au moins. Cette tentative constitue toute l’histoire de l’enseignement secondaire de Saint-Etienne jusqu’à la Révolution.

En 1608, les bourgeois appelèrent les Minimes et firent en leur faveur la fondation d’un monastère très vaste[1] qui devait être un établissement d’instruction. L’annaliste Beneyton (vers 1750) attribue l’échec de ce projet à un vilain sentiment qu’il n’hésite pas à prêter aux bourgeois ses compatriotes : « La cause chimérique pourquoy les principaux de la ville ont déchargé les R. P. Minimes de l’instruction gratuite de la jeunesse — qui n’étoit que ce qu’on peut souhaiter dans une ville aussi nombreuse en petit peuple que Saint-Etienne — ce n’a été que l’orgueil et l’envie qui leur faisoit de la peine. Ils pensent que le peuple quitteroit le certain pour l’incertain, je veux dire que l’artisan quitteroit son métier pour étudier et qu’on auroit le désagrément de voir le fils du marchand, bourgeois, officier, disputer contre le fils d’un charbonnier, forgeron et autres. »

II

Les écoles à Saint-Etienne de 1675 à la Révolution.

§ 1er. — L’instruction publique relève de l’Église.

Le mouvement de réaction piétiste qui caractérisa le XVIIe et qui aboutit à la longue Terreur de la Révocation de l’Edit ne devait pas manquer d’utiliser les écoles. L’Église de France, par ses conciles, a souvent réclamé des écoles : pressée par la Réforme, elle a particulièrement insisté au XVIe. Elle y a toujours vu, d’abord et avant tout, un puissant moyen d’instruction, d’éducation religieuses. La société civile elle-même partageait ce sentiment : il y a de longues années que les bourgeoisies considèrent la reli-

  1. De la rue du Chambon à la rue des Creuses. L’église Saint-Louis a été la chapelle de ce couvent.