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domination française

son existence, l’admirable campagne que sa pensée couvrait de villages et moissons et d’où son génie voulait faire surgir une France nouvelle. Il fit les plus grands sacrifices pour conquérir le Canada à son Dieu et à sa patrie, et fut le véritable fondateur de la nation qui, dans nos vastes contrées de l’Amérique du Nord, continue l’œuvre accomplie jadis par les Francs sur la terre de l’ancien monde.

Le P. Paul Lejeune s’exprime ainsi dans la « relation » de 1636 :

« Le vingt-cinquième décembre (1635), jour de la naissance de notre Sauveur en terre, Monsieur de Champlain, notre Gouverneur, prit une nouvelle naissance au ciel ; du moins nous pouvons dire que sa mort a été remplie de bénédictions. Je crois que Dieu lui a fait cette faveur en considération des biens qu’il a procurés à la Nouvelle-France, où nous espérons qu’un jour Dieu sera aimé et servi de nos Français, et connu et adoré de nos Sauvages. Il est vrai qu’il avait vécu dans une grande justice et équité, dans une fidélité parfaite envers son Roi et envers Messieurs de la Compagnie ; mais à la mort il perfectionna ses vertus avec des sentiments de piété si grands qu’il nous étonna tous. Que ses yeux jetèrent de larmes ! Que ses affections pour le service de Dieu s’échauffèrent ! Quel amour n’avait-il pour les familles d’ici ! disant qu’il les fallait secourir puissamment pour le bien du pays, et les soulager en tout ce qu’on pourrait en ces nouveaux commencements, et qu’il le ferait si Dieu lui donnait la santé. Il ne fut pas surpris dans les comptes qu’il devait rendre à Dieu : il avait préparé de longue main une confession générale de toute sa vie, qu’il fit avec une grande douleur au Père Lallemant, qu’il honorait de son amitié ; le Père le