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CHANSONS POPULAIRES

de la grâce et de la réhabilitation ; tandis que celui qui parle la seconde doit vivre dans l’oubli de la noblesse originaire et de la haute destination de l’homme, sous l’empire de ses penchants et livré à toutes les jouissances du sensualisme.

« Il en est de même des divers systèmes de musique, des différentes tonalités que nous avons nommés idiomes ou dialectes musicaux. À en juger du moins par les deux systèmes à notre usage, la tonalité du plain-chant et la tonalité de la musique moderne, les uns sont au point de vue de la contemplation, les autres au point de vue de la chair. Les premiers, par leurs éléments constitutifs, se prêtent merveilleusement à l’expression des sentiments divins ; les seconds se rapportent de la même manière, et presque exclusivement, à l’expression des passions terrestres. Il y a donc une certaine affinité entre les éléments constitutifs des diverses tonalités et des diverses langues et les notions morales propres au peuple auquel ces langues et ces tonalités sont familières.
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« Sous le christianisme, la musique se détache de la parole et vit de sa force propre. C’est dans un sol nouveau et fécond que la plante puise la sève nécessaire pour se développer dans son énergie essentielle. Néanmoins, le plain-chant a retenu l’idée antique de l’alliance de la musique et de la parole, car il n’est, dans la pratique, que la récitation naturelle et mélodique, accentuée et rhythmée des textes sacrés. Mais considéré plus profondément, il est une tonalité dont la constitution donne lieu à la production de ces éléments qui, dans le langage et particulièrement dans la langue hébraïque, expriment l’être dans