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CHANSONS POPULAIRES

ancien. Effectivement, disaient-ils, l’ancien est beaucoup plus beau, et il est fort remarquable qu’ils traduisaient le plus souvent l’air moderne dans leur vieille tonalité favorite, en supprimant presque partout la note sensible. »

Ce que M. d’Ortigue vient de nous raconter m’est arrivé cent fois à moi-même ; les mêmes observations qu’il a faites en France, je les ai faites en Canada, et si ce n’était quelques petits détails de mise en scène qui nous sont étrangers, (comme les réunions dans une grange,) on pourrait croire que le savant musiciste a fait sa chasse aux mélodies sur les bords du Saint-Laurent tout aussi bien que dans le voisinage du comtat Venaissin. Mais je reviens à notre arbitrage, et je conclus que si, très-souvent, le plus souvent peut-être, le peuple suit d’instinct les lois des diverses échelles modales du plain-chant, il est impossible que ces lois soient purement conventionnelles, et il est évident au contraire qu’elles émanent de la nature même des choses et de leur principe divin.


rhythme.


« Le rhythme, c’est le mouvement qui traverse nécessairement la mélodie et lui donne un caractère. »[1]

Dans nos chants populaires, le rhythme est souvent mesuré ; quelquefois il l’est à peine, et si, non sans difficulté, on peut lui reconnaître une mesure, celle-ci passe du mouvement binaire au mouvement ternaire, et

  1. Scudo.