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CHANSONS POPULAIRES

est divisée par tiers de tons, de telle sorte qu’au lieu de renfermer treize sons dans l’étendue de l’octave, elle en admet dix-huit… Semblable au système de tonalité des Hindous, sous le rapport de la variété, celui des Arabes est de nature à faire comprendre jusqu’où peut aller la différence d’organisation musicale entre les peuples divers. Les douze modes de ce système se divisent chacun en treize gammes ou circulations. Toutes ces circulations répondent à notre gamme de la, mais dans un ordre de succession tel que les notes intermédiaires entre la et son octave supérieure se présentent tour-à-tour dans un état d’altération qui résulte de la division de l’échelle par tiers de ton, à l’exception de la quarte supérieure (), qui est immuable comme les deux notes des extrémités de la gamme. »[1]

Il est certain que si nous entendions la musique qui repose sur de pareilles échelles de sons, nous la trouverions détestable, et cela parce que l’éducation de notre oreille nous porte à repousser de semblables divisions de l’octave. « Rien n’est plus difficile, dit M. Fétis, que de former une idée juste d’une musique dont les élémens sont absolument différents de ceux qui servent la base à la musique qu’on a entendue pendant toute sa vie : les musiciens les plus instruits ont beaucoup de peine à se défendre en pareil cas des préjugés de leur oreille. Un exemple prouvera ce que j’avance.

« M. Villoteau, ancien artiste de l’Opéra, était du nombre des savants qui suivirent le général Bonaparte

  1. Fétis. Résumé philosophique de l’histoire de la Musique, pages LXXVIII et LXXIX.