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xiii
préface

chante en Franche-Comté sur un air tout différent du nôtre.

À Saint-Malo beau port de mer, — se chante en Bretagne.

Quand fêtais de chez mon père, jeune fille à marier, — se chante dans le Nivernais.

Au jardin de mon pire un oranger lui ya, — se chante en Normandie.

La Bibournoise, — nous vient du Dauphiné, du moins elle s’y chante encore.

Si tu te mets anguille, — est une légende bien connue en France ; c’est elle qui a inspiré à Mistral le délicieux chant de Magali, dans son poëme de Miréiopoëme écrit en langue provençale, comme chacun sait.

Quand j’étais chez mon père, — la légende de la jeune fille qui rencontre « trois cavaliers barons » — se chante dans toutes les parties de la France, mais avec des refrains et sur des airs que nous ne connaissons pas ici.

Enfin, la Claire Fontaine, notre chanson populaire par excellence, a une communauté d’origine avec la plupart des habitants du Canada : elle vient de Normandie !

Cette nomenclature, quoique fort incomplète, est déjà trop longue. Je ne dirai qu’un mot ici de nos chansons de composition canadienne. On aurait tort de faire fi de tout ce qui n’est pas poésie dans ces chants ; à vrai dire la poésie proprement dite en est le plus souvent absente ; on n’y rencontre pas de ces images gracieuses que l’on remarque dans la chanson populaire française, comme :

 
La plus jeune se réveille :
— Ma sœur, voilà le jour !
— Non, ce n’est qu’une étoile
Qui veille nos amours !…