tu tout de suite raison à mes ouvriers qui se révoltent contre moi et se mettent en grève ?
— Ah ! mon pauvre Furibus, tu ne t’aperçois donc pas que l’idée démocratique nous envahit, nous submerge ? Au lieu de vouloir arrêter le torrent dans sa course, il vaudrait mieux le diriger, le régler, nous mettre bravement à la tête de ce grand mouvement démocratique.
— Merci ! Je la hais, ta démocratie !
— Tu la hais ? Soit ! Moi aussi, il y a quelque temps, je la haïssais. Mais, aujourd’hui, je reconnais que le mouvement est nécessaire, fatal.
— Jamais ! jamais ! entends-tu, je ne serai républicain !
Et Furibus, dans sa fureur, se dressa debout, en dépit des rhumatismes qui le clouaient sur son fauteuil.
— Il ne s’agit pas seulement de République ou de monarchie. Aujourd’hui l’idée démocratique n’est plus uniquement la liberté et l’égalité des droits politiques ; c’est, pour le peuple tout entier, la liberté individuelle et l’égalité des droits sociaux ; c’est, pour les masses ouvrières, leur part d’intervention dans la direction industrielle ; c’est la revendication de leurs droits légitimes à la participation aux bénéfices créés par leur travail, la revendication des mêmes droits pour les mêmes mérites, les mêmes capacités, de leur droit aussi à décerner le pouvoir ou la direction des affaires et du travail aux plus dignes et aux plus capables. Aujourd’hui, le peuple a compris qu’il n’est