Page:Gagnebin - Petite Nell, 1902.djvu/83

Cette page a été validée par deux contributeurs.
— 77 —

ment où le docteur va partir, lui aussi, pour cette affreuse Allemagne que je déteste !

— Petite Nell, quelle sottise vous dites ; vous savez que cette récréation est nécessaire pour lui ; d’ailleurs vous n’êtes pas obligée de me quitter sur l’heure, il se passera peut-être un certain temps avant que Louis ait une place.

— Mais il en a déjà une en vue.

Sœur Hélène ne répondit pas tout de suite, elle raffermit d’abord sa voix.

— À présent, dit-elle, je vous laisse ; j’ai encore beaucoup de choses à préparer pour le départ de mon frère.

Elle quitta la chambre et Petite Nell demeura appuyée contre le barreau de la fenêtre, se demandant pourquoi les bonheurs d’ici-bas sont si souvent arrosés de larmes. Elle en était là de ses réflexions, quand le docteur entra.

— Hélène vient de m’apprendre le beau succès de votre frère…

Il s’arrêta court, et sa figure exprima la surprise.

— Vous pleurez, et moi qui croyais…

— C’est la pensée de quitter sœur Hélène, sanglota Petite Nell.

— Mais vous ne la quitterez pas encore.

— On a déjà proposé une place à Louis.

— N’importe, les choses ne s’arrangent pas si vite, soyez-en sûre, je vous retrouverai encore ici ; si je ne le croyais pas, je renoncerais à partir.

— Mais, je n’ose pas vous promettre…

— Au contraire, vous allez me promettre de