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À ces paroles, le sang jaillit aux joues de Maxime, et tante Olympe se remua sur sa chaise, comme s’il s’y fût trouvé des épines. Seule, Petite Nell demeura impassible, elle n’avait pas compris.

— À propos, fit la paysanne, après un moment de pénible silence, il faudra que je descende en ville prochainement.

— Vous, sœur Olympe, est-ce que Maxime ne pourrait pas vous remplacer ? J’avais justement l’intention de l’y envoyer un de ces jours, pour chercher des journaliers.

Maxime jeta un regard furtif à Petite Nell, mais il jugea plus prudent de ne pas prendre part à l’entretien. Une heure plus tard, il revêtait ses meilleurs habits, attelait la petite jument et se préparait à partir. Petite Nell, debout au seuil de la porte, le regardait faire.

— À demain soir, cousine Nellie, vers huit heures, cria-t-il, en se hissant sur son siège.

Petite Nell le regarda partir, debout à la même place.

— Tiens, fit la voix d’oncle Nestor, la voilà changée en statue de sel.

Mais elle n’eut pas l’air d’entendre, et ne s’éloigna que lorsque le char eut disparu à ses yeux.

— Au nom du ciel, d’où viens-tu ? s’écria tante Olympe, en la voyant rentrer, tu es rouge comme une cerise, as-tu mal à la tête ?

— Non, je ne sais pas, je me sens seulement un peu drôle.

— Alors, va te mettre sur ton lit et tâche de dormir un moment.