Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/580

Cette page a été validée par deux contributeurs.

— Oui ! je t’aime, disait-elle, oui ! Tu as fait un mauvais coup pour moi, toi ! c’est que tu m’aimais. Tu as du cœur ; je ne te connaissais pas.

Il en coûtait cher pour inspirer une passion à madame Juliette, mais Noël ne réfléchit pas à cela.

Il eut une seconde de joie immense, il lui parut que rien n’était désespéré.

Pourtant il eut la force de dénouer les bras de sa maîtresse.

— Partons, reprit-il, le grand malheur est que je ne sais d’où vient le danger. Qu’on ait pu découvrir la vérité, c’est encore un mystère pour moi…

Juliette se rappela l’inquiétante visite de l’après-midi ; elle comprit tout.

— Malheureuse ! s’écria-t-elle, se tordant les mains de désespoir, c’est moi qui t’ai livré ! C’était mardi, n’est-ce pas ?

— Oui, c’était mardi.

— Ah ! j’ai tout dit, sans m’en douter, à ton ami, à ce vieux que je croyais envoyé par toi, M. Tabaret.

— Tabaret est venu ici ?

— Oui, tantôt.

— Oh ! viens alors ! s’écria Noël, vite, bien vite, c’est un miracle qu’il ne soit pas encore arrivé.

Il lui prit le bras pour l’entraîner, elle se dégagea lestement.

— Laisse, dit-elle, j’ai une somme en or, des bijoux, je veux les prendre…