Page:Gaboriau - L’Affaire Lerouge.djvu/272

Cette page a été validée par deux contributeurs.

les jours, c’est de nouvelles histoires au sujet de son aîné. Il a un appartement en ville, il rentre ou ne rentre pas, il passe les nuits à jouer et à boire, il fait une telle vie de polichinelle avec des actrices que la police est obligée de s’en mêler. Sans compter que moi qui vous parle, j’ai été plus de cent fois forcé d’aider à le monter dans sa chambre et à le coucher, quand des garçons de restaurant le ramenaient à l’hôtel dans un fiacre, soûl à ne pas pouvoir dire : pain.

— Bigre ! exclama Joseph enthousiasmé, son service doit être crânement agréable, à cet homme-là.

— C’est selon. Quand il a gagné à la bouillotte, il se déboutonne volontiers d’un louis, mais il perd toujours, et quand il a bu il a la main prompte. Il faut lui rendre cette justice qu’il a des cigares fameux. Enfin, c’est un bandit, quoi ! tandis que monsieur le vicomte est une vraie fille pour la sagesse. Il est sévère pour les manquements, c’est vrai, mais pas rageur ni brutal avec les gens. Ensuite il est généreux régulièrement, ce qui est plus sûr. Je dis donc qu’il est meilleur que le plus grand nombre, et que monsieur le comte n’a pas raison.

Tel était le jugement des domestiques. Celui de la société était peut-être moins favorable.

Le vicomte de Commarin n’était pas de ces êtres banals qui jouissent du privilége assez peu enviable