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LE DÉFRICHEUR.

sés dans l’espace de quelques minutes, au milieu des rires, des éclats de voix et d’un mouvement général.

Le repas n’étant pas encore servi, on alla faire un tour de voiture, après quoi les invités vinrent tous s’asseoir à une longue table, à peu près dans l’ordre suivant : le marié et la mariée occupaient le haut bout de la table appelé la place d’honneur ; à leur droite le suivant et la suivante, et à gauche les père et mère de chacun des époux. Les autres convives se placèrent dans l’ordre qu’ils jugèrent convenable.

La table était dressée cette fois dans la grande chambre de compagnie, ce qui n’arrivait que dans les circonstances extraordinaires. Elle était littéralement chargée de mets de toutes sortes, surtout de viandes, dont les pièces énormes, d’un aspect appétissant, faisaient venir l’eau à la bouche et flamboyer les yeux des convives.

Pas n’est besoin de dire que l’on fit honneur au festin. Je ne voudrais pas même entreprendre d’énumérer les morceaux qui furent dépecés, servis et engloutis dans cette mémorable occasion.

Pour les petites bouches, plus friandes que gourmandes, il y avait force confitures aux fraises, aux prunes, aux melons, tartes de toutes sortes, crème au sucre d’érable : mets délicieux, s’il en est.

Parmi les hommes, quelques-uns regrettèrent, sans oser toutefois s’en plaindre tout haut, l’absence de spiritueux ; un petit verre de bon rum, comme on en buvait autrefois, n’eût, suivant eux, rien dérangé à la tête. Mais depuis quelques années, grâce aux prédications de quelques prêtres zélés, des sociétés de tempérance s’étaient établies dans toutes les villes et