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JEAN RIVARD

hommes intelligents avisent ensemble aux moyens d’améliorer leur condition commune. Ce qu’un homme ne pourra faire seul, deux le feront, disait-il souvent pour faire comprendre toute la puissance de l’association.

Il va sans dire que Gendreau-le-Plaideux s’opposa de toutes ses forces à l’établissement d’un conseil municipal.

Ce n’était suivant lui, qu’une machine à taxer.

Une fois le conseil établi, répétait-il sur tous les tons, on voudra entreprendre toutes sortes de travaux publics, on construira ou on réparera des chemins, des ponts, des fossés ; on fera des estimations, des recensements ; il faudra des secrétaires et d’autres employés salariés : et c’est le pauvre peuple qui paiera pour tout cela.

Malheureusement le mot de taxe effraie les personnes même les mieux intentionnées. Trop souvent les démagogues s’en sont servis comme d’un épouvantail, ne prévoyant pas qu’ils arrêtaient par là les progrès en tous genres.

Jean Rivard fit comprendre du mieux qu’il put aux électeurs municipaux, que le conseil ne serait pas une machine à taxer ; qu’aucune amélioration publique ne serait entreprise si elle n’était avantageuse à la localité ; qu’aucune dépense ne serait faite sans l’approbation des contribuables ; que d’ailleurs les conseillers étant tous à la nomination du peuple, celui-ci pourrait toujours les remplacer, s’il n’en était pas satisfait.

Malgré cela, les idées de Jean Rivard n’étaient pas accueillies avec toute l’unanimité qu’il aurait désirée, et il dut, pour calmer la défiance suscitée par Gen-