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ÉCONOMISTE.

au soulagement de la misère, au maintien de la bonne harmonie entre tous les membres de son troupeau, trouvait en lui un ami actif et plein de zèle. C’est même d’après ses conseils que Jean Rivard se guidait dans la plupart de ses actes de charité ou de philanthropie.

Pendant plusieurs années consécutives, ils eurent occasion de parcourir, en compagnie l’un de l’autre, toute la paroisse de Rivardville. C’était pour la quête de l’Enfant Jésus que tous deux faisaient, l’un en sa qualité de curé, l’autre en sa qualité de marguillier.

Quelle touchante coutume que cette quête de l’Enfant Jésus ! C’est la visite annuelle du pasteur à chacune des familles qui composent son troupeau. Pas une n’est oubliée. La plus humble chaumière, aussi bien que la maison du riche, s’ouvre ce jour-là pour recevoir son curé. L’intérieur du logis brille de propreté ; les enfants ont été peignés et habillés pour l’occasion ; la mère, la grand’mère ont revêtu leur toilette du dimanche ; le grand-père a déposé temporairement sa pipe sur la corniche, et attend assis dans son fauteuil. Tous veulent être là pour marquer leur respect à celui qui leur enseigne les choses du ciel.

Octave Doucet et Jean Rivard profitaient de cette circonstance pour faire le recensement des pauvres et des infirmes de la paroisse, en s’enquérant autant que possible des causes de leur état. De cette manière ils pouvaient constater avec exactitude le nombre des nécessiteux, lequel à cette époque était heureusement fort restreint.

On n’y voyait guère que quelques veuves chargées d’enfants et une couple de vieillards trop faibles