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JEAN RIVARD

Meunier, scieur, constructeur et colon, tous trouvaient leur profit à cet échange de services, et le progrès de Rivardville s’en ressentait d’une manière sensible.

Plusieurs habitations nouvelles surgirent autour des moulins aussi bien qu’autour de l’église.

Nos lecteurs se souviennent peut-être que dès la première année de son séjour dans la forêt, Jean Rivard avait retenu dans le voisinage de sa propriété un lot de terre inculte pour chacun de ses frères, en leur disant : qui sait si vous ne deviendrez pas riches sans vous en apercevoir ?

Ce pressentiment de Jean Rivard se vérifia à la lettre.

Toutes les maisons et les bâtiments dont nous avons parlé, moulins, forges, boutiques, magasins furent bâtis sur les propriétés de la famille Rivard.

Jean Rivard qui était l’administrateur des biens de la famille ne cédait que quelques arpents de terre aux industriels ou commerçants qui venaient s’établir à Rivardville, et réservait le reste pour en disposer plus tard avantageusement.

Cette vaste étendue de terrain, située comme elle l’était au centre d’un canton, dans le voisinage d’une rivière et d’une grande route publique, et devant, selon toute probabilité, devenir plus tard le siège d’une ville ou d’un grand village, prit vite une importance considérable.

Sa valeur s’accrut de jour en jour.

Jean Rivard n’était pas ce qu’on peut appeler un spéculateur ; il ne cherchait pas à s’enrichir en appauvrissant les autres. Mais lorsqu’il songeait à sa vieille mère, à ses neuf frères, à ses deux sœurs, il