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JEAN RIVARD

— Est-ce la Caille ?

— Non, répondit Jean Rivard ; la Caille est une ancienne amie ; ce serait une ingratitude de ma part de la laisser partir. Je veux qu’elle continue à vivre avec moi. Mais tu prendras sa fille aînée, qui est encore meilleure laitière qu’elle. Elle vous donnera en abondance le lait et le beurre nécessaires aux besoins de votre maison. Françoise la connaît bien ; elle t’en dira des nouvelles.

Les deux anciens compagnons se séparèrent le cœur gros, quoiqu’ils dussent continuer à demeurer voisins et se revoir presque chaque jour.


VII.



la marche du progrès.


Environ trois ans après son mariage, Jean Rivard écrivait à son ami Gustave Charmenil :

« Depuis la dernière fois que je t’ai écrit, mon cher Gustave, un nouveau bonheur m’est arrivé : je suis devenu père d’un second enfant. C’est une petite fille, cette fois. J’en ai été fou plusieurs jours durant. Tu comprendras ce que c’est, mon ami, quand tu seras père à ton tour, ce qui, avec tes propensions matrimoniales, ne saurait tarder bien longtemps. Louise se porte à merveille. Tu peux croire si elle est heureuse, elle qui aime tant les enfants, et qui désirait tant avoir une fille !

« Tu me pardonneras, mon cher Gustave, de t’avoir laissé ignorer cela si longtemps. Je suis accablé d’occupations de toutes sortes ; c’est à peine si je puis