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ÉCONOMISTE.

Dans le courant de juillet, Pierre Gagnon, avec l’aide de ses voisins et amis, se construisit une maisonnette fort convenable, qu’il meubla aussi modestement que possible.

Les autres préparatifs du mariage furent bientôt faits.

Pierre Gagnon emprunta pour la circonstance un habit noir à Jean Rivard, qui lui servait de père, et Françoise emprunta aussi quelques-uns des atours de sa maîtresse.

Jean Rivard donna à son ancien compagnon de travail une petite fête à laquelle furent conviés tous les premiers colons du canton de Bristol. On ne manqua pas de s’y divertir.

Louise avait fait présent à Françoise de divers articles de ménage. Jean Rivard voulut aussi faire son cadeau de noce à Pierre Gagnon.

Au moment où l’heureux couple allait se diriger vers leur modeste habitation :

— Quand penses tu t’acheter une vache, dit Jean Rivard à Pierre Gagnon ?

— Oh ! pour ça, mon bourgeois, ça sera quand il plaira à Dieu. Si la récolte est bonne l’année qui vient, on aura peut-être les moyens… Mais il faut tant de choses, on ne peut pas tout avoir à la fois. Mais pour une vache, c’est une grande douceur, et si Françoise veut dire comme moi, on travaillera pour en gagner une aussi vite que possible.

— Eh bien ! Pierre, puisque tu tiens tant à avoir une vache, je veux t’en donner une des miennes ; ça compensera pour la mère d’ours, ajouta-t-il en riant.

Pierre Gagnon ne savait trop comment remercier son ancien maître de cette nouvelle marque de bonté ; il ne put que demander en balbutiant ;