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ÉCONOMISTE.

durant sa visite était préparée plusieurs jours à l’avance. Françoise partageait à cet égard les sentiments de sa maîtresse. Tant que le missionnaire habitait la maison, elle se sentait en sûreté, elle n’avait peur ni du tonnerre, ni des revenants, ni des sorciers ; elle redoublait d’activité pour que monsieur le curé ne manquât de rien.

Dès cette époque, Octave Doucet avait eu l’ambition, bien justifiable assurément, de devenir un jour curé de cette localité, dont Jean Rivard était le fondateur.

Ce jour ne tarda pas à arriver.

Moins de deux ans après, il fut chargé d’annoncer, de la part de son évêque, qu’aussitôt qu’une église convenable serait construite, et que Rivardville serait régulièrement érigé en paroisse, un prêtre y fixerait sa résidence.

Cette nouvelle fit une profonde sensation, et il y eut après la messe une assemblée publique où la question fut débattue.

Il est bien rare qu’on puisse bâtir une église en Canada sans que la discorde n’élève sa voix criarde. Le site du nouvel édifice, les matériaux dont il sera construit, les moyens à adopter pour subvenir aux frais de construction, tout devient l’objet de discussions animées. On se pique, on s’entête, on pousse l’opiniâtreté si loin, que quelquefois le décret même de l’évêque ne peut réussir à pacifier les esprits. On composerait un gros volume du récit de toutes les contestations de ce genre qui ont agité le Bas-Canada depuis son établissement. Des scandales publics, des espèces de schismes se sont produits à la suite de ces contestations.