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ÉCONOMISTE

les résultats répondraient à la grandeur du sacrifice. D’ailleurs les dépenses encourues pour cet objet ne devraient pas effrayer nos financiers puisqu’elles seraient ce qu’on appelle des dépenses reproductives, et qu’elles ne pourraient que contribuer à l’accroissement de la richesse générale. En outre, si l’on veut que nos immenses voies de transport et de communication remplissent le but pour lequel elles ont été établies, ne faut-il pas encourager la production par tous les moyens possibles ?

« Oui, encourager la production, surtout la production du sol, non par des demi-mesures, mais par des mesures larges, généreuses, puissantes, voilà ce qui stimulera le commerce et l’industrie, et fera du Canada un pays véritablement prospère. »

Il y avait dans le regard, l’accent, la voix de monsieur le curé un air de sincérité, de force et de conviction qui me frappa singulièrement et que je me rappelle encore.

« Mais ne pensez-vous pas, fis-je remarquer, que notre peuple se repose un peu trop sur le gouvernement pour le soin de ses intérêts matériels ?

« Oui, j’admets, répondit-il, qu’un de nos défauts, défaut que nous tenons peut-être de nos ancêtres, c’est de ne pas nous reposer assez sur nous-mêmes ; mais qu’on répande l’instruction parmi les masses, qu’on développe l’intelligence de toutes les classes de la population, et soyez sûr qu’elles marcheront bientôt seules, sans secours étranger.

« Oh ! l’éducation ! l’éducation ! Voilà encore un de ces mots magiques, un de ces mots qui renferment tout un monde d’idées ; mais ce qui frappe, ce qui semble incompréhensible, c’est l’indifférence