Page:Gérin-Lajoie - Jean Rivard, économiste, 1876.djvu/181

Cette page a été validée par deux contributeurs.
182
JEAN RIVARD

volumes, vous avez su réunir tout ce qui est nécessaire non seulement pour l’instruction mais aussi pour l’amusement et l’ornement de l’esprit.

— Eh bien ! telle que vous la voyez, elle ne me coûte guère plus de cinquante louis ; je l’ai formée petit à petit dans le cours des quinze dernières années ; chaque fois que j’allais à Montréal ou à Québec, je parcourais les librairies pour faire choix de quelque bon ouvrage, que j’ajoutais à ma collection. J’ai souvent eu la velléité d’acheter des livres nouveaux ; mais, réflexion faite, je surmontais la tentation ; on cherche en vain dans la plupart des écrivains modernes ce bon sens, cette justesse d’idées et d’expressions, cette morale pure, cette élévation de pensées qu’on trouve dans les anciens auteurs ; à force de vouloir dire du nouveau, les écrivains du jour nous jettent dans l’absurde, le faux, le fantastique. Ce genre de littérature peut convenir à certaines classes de lecteurs blasés qui ne demandent que des distractions ou des émotions, mais pour ceux qui cherchent avant toute chose le vrai, le juste et l’honnête, pour ceux-là, vivent les grands hommes des siècles passés !

Mais, dites-moi, comment, au milieu de vos rudes travaux d’exploitation et de défrichement, avez-vous pu trouver le temps de lire tous ces ouvrages ? Vous avez même des traités scientifiques.

— Oh ! pour nous, cultivateurs, il faut, voyez-vous, savoir un peu de tout ; la chimie, la météorologie, la botanique, la géologie, la minéralogie se rattachent étroitement à l’agriculture ; j’aurais donné beaucoup pour connaître ces sciences à fond. Malheureusement je n’ai pu en acquérir que des notions superficielles. Vous me demandez comment j’ai pu trouver le temps