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ÉCONOMISTE

sur le bord des chemins et des fossés, quelques-unes des plantes qui servent à la composition de leur miel ; elles butinent là tout le jour, et sur les fleurs du jardin sans que personne ne les dérange. Je prends souvent plaisir à les voir travailler : c’est bien avec raison qu’on les propose comme des modèles d’ordre, d’industrie et d’activité. N’est-ce pas admirable de les voir tirer du sein des plantes, qui sans cela seraient inutiles, ce suc délicieux qui sert à la nourriture de l’homme ? Nous recueillons beaucoup de miel depuis quelques années, et nous en sommes très-friands, principalement les enfants ; c’est une nourriture agréable, dont nous faisons un grand usage dans les maladies, surtout comme boisson adoucissante et rafraîchissante. Les gâteaux de cire que construisent les abeilles avec une perfection que l’homme le plus habile ne pourrait égaler, ne nous sont pas non plus inutiles. Mais n’y aurait-il que l’intérêt que je prends à considérer les travaux intelligents de ces petits êtres, à observer leurs mœurs, leur conduite admirable, et tout ce qui se passe dans l’intérieur de leurs demeures, que je me trouverais amplement récompensé du soin qu’elles exigent.

Madame Rivard revint avec nous à la maison, suivie de ses enfants qui gambadaient autour d’elle.

En dépit des objections de sa femme, Jean Rivard me fit entrer dans la laiterie.

C’était un petit bâtiment en pierre assez spacieux, ombragé de toutes parts par le feuillage des arbres et entièrement à couvert des rayons du soleil. L’intérieur était parfaitement frais, quoique suffisamment aéré. Je fus frappé, en y entrant, de l’air de propreté qui y régnait. Le parquet ou plancher de bas, les ta-