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ÉCONOMISTE

des érables épandaient vers la terre leurs rameaux touffus. « Ces arbres, me dit mon hôte, servent à abriter mes animaux dans les grandes chaleurs de l’été ; sur le haut du jour, vous pourriez voir les vaches couchées à l’ombre du feuillage, ruminant nonchalamment jusqu’à ce que la faim les pousse à redemander une nouvelle pâture à la terre. Ces mêmes arbres nous offrent encore à nous-mêmes une ombre protectrice, quand nous nous reposons de notre travail, dans la chaude saison des récoltes. Vous voyez qu’ils joignent l’utile à l’agréable, et que je suis ainsi amplement récompensé des soins qu’ont exigés leur plantation et leur entretien. »

Un chemin conduisait jusqu’à l’extrémité de l’exploitation.

La partie défrichée de la terre formait quatre vingt dix arpents, sans compter les six arpents, où se trouvaient le jardin, la maison, les moulins et les autres bâtiments. Ces quatre-vingt-dix arpents se divisaient en six champs d’égale grandeur.

Toutes les diverses récoltes avaient une apparence magnifique. L’orage tombé la veille faisait déjà sentir sa bienfaisante influence ; on semblait voir les tiges des plantes s’élancer du sol qui leur donnait naissance.

Le premier champ surtout avait l’apparence d’un beau jardin de quinze arpents. « Ce champ, me dit Jean Rivard, m’a demandé cette année beaucoup plus de travail et de soin que les autres. Je l’ai fait labourer l’automne dernier à une grande profondeur ; durant l’hiver j’ai fait charroyer sur la surface tout le fumier que j’ai pu recueillir ; au printemps, j’ai fait enfouir ce fumier dans la terre, au moyen d’un