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JEAN RIVARD

Des applaudissements universels et des murmures d’approbation accompagnèrent cette déclaration du candidat victorieux.[1]

Plusieurs des convives demandèrent ensuite à Gustave Charmenil de leur faire un petit discours.

« Je ne demanderais pas mieux, dit-il en se levant, si j’étais sûr de pouvoir m’arrêter. Mais vous savez qu’un avocat qui commence à parler, ne sait jamais quand il finira. (On rit.) J’aurais tant de choses à dire ! D’ailleurs, ce n’est plus le temps de parler, c’est le temps de se réjouir. Pour moi, je suis certain d’une chose : s’il m’arrive par hasard d’être un jour proclamé membre du parlement, je serai loin d’être aussi franchement joyeux que je le suis en ce moment. Dans la victoire que nous venons de remporter, je vois la glorification du travail, la récompense due au mérite réel, le triomphe de l’honneur, de la probité, du véritable patriotisme, sur l’égoïsme, le mensonge et la corruption. (Applaudissements.) Honneur aux défricheurs ! Honneur ! mille fois honneur aux vail-

  1. Ceci nous rappelle un trait bien digne d’admiration que nous avons noté en parcourant les premiers volumes de la Gazette de Québec. Lors des premières élections générales qui eurent lieu en Canada (1792), monsieur J. A. Panet, élu représentant pour la Haute-Ville de Québec, fit, aussitôt après son élection, « distribuer cent louis d’or aux pauvres sans distinction. » Aux élections générales suivantes (1796), il annonça, après avoir été proclamé élu, qu’il s’était toujours « opposé à ce qu’il fût donné du rhum ou des cocardes » aux électeurs, mais qu’en revanche il s’engageait à donner cent piastres aux deux filles résidentes en la Haute-Ville de Québec, qui se marieraient les premières.

    C’est le même monsieur Panet qui a été orateur de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada, depuis 1792 jusqu’à 1810, et cela sans toucher un sou de la caisse publique.