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ÉCONOMISTE.

« Mes amis, dit-il, M. Lacasse, en vous contant sa petite histoire, a oublié une chose importante. Il aurait dû vous dire que si le jeune homme en question a réussi dans les commencements si difficiles de la carrière du défricheur, c’est à lui, M. Lacasse, qu’il en est redevable ; si dans la plupart de ses entreprises le succès a couronné ses efforts, c’est à ses conseils et à son aide qu’il en est redevable ; si enfin il est aujourd’hui membre du parlement, c’est encore à sa protection puissante qu’il est redevable de cet honneur. (Hourra pour M. Lacasse !) Rendons à César ce qui appartient à César. Qu’on me permette aussi de saisir cette occasion pour remercier publiquement tous ceux qui m’ont prêté leur appui dans la lutte que nous venons de soutenir, et en particulier mon ami Gustave Charmenil, qui a fait le voyage de Montréal ici dans le seul but de nous prêter main-forte. (Hourra pour M. Charmenil !) Il y a aussi, messieurs, un autre ancien camarade, un compagnon de travail, qui, dans cette dernière lutte, s’est montré, comme toujours, ardent, dévoué, prêt à me soutenir, aux dépens même de sa vie… »

Tous les yeux se portèrent sur Pierre Gagnon, et des tonnerres d’applaudissements obligèrent Jean Rivard à mettre fin à son discours.

Pierre Gagnon se donnait beaucoup de tourment pour tenir son cheval en respect, quoique le noble animal fût de fait moins agité que son maître. Mais le but du brave défricheur, en tournant le dos à la foule, était de ne pas laisser apercevoir une larme qu’il avait au bord de la paupière, et qui s’obstinait à y rester.

Enfin le cortége se mit en route.