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JEAN RIVARD

tion dans l’esprit de presque tous ceux qui avaient résisté jusque-là.

La mesure fut définitivement emportée et il ne restait plus qu’à mettre les écoles en opération.

On résolut de n’établir, pour la première année, que trois écoles dans la paroisse, et des institutrices furent engagées pour enseigner les premiers éléments de l’instruction, c’est-à-dire, la lecture et l’écriture.

Ces écoles ne coûtèrent qu’une bagatelle à chaque contribuable, et les gens commencèrent à soupçonner qu’ils avaient eu peur d’un fantôme.

Dès la seconde année qui suivit la mise en opération des écoles, Rivardville ayant fait un progrès considérable et la population ayant presque doublé, Jean Rivard crut qu’on pouvait, sans trop d’obstacles opérer une grande amélioration dans l’organisation de l’instruction publique.

Son ambition était d’établir au centre même de Rivarville une espèce d’école-modèle, dont les autres écoles de la paroisse seraient comme les succursales.

Pour cela, il fallait trouver d’abord un instituteur habile ; et avec un peu de zèle et de libéralité la chose lui semblait facile.

La carrière de l’enseignement devrait être au-dessus de toutes les professions libérales ; après le sacerdoce, il n’est pas d’occupation qui mérite d’être entourée de plus de considération.

On sait que ce qui éloigne les hommes de talent de cet emploi, c’est la misérable rétribution qui leur est accordée. L’instituteur le plus instruit, le plus habile est moins payé que le dernier employé de bureau. N’est-il pas tout naturel de supposer que si la carrière de l’enseignement offrait quelques-uns des avantages