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LE CŒUR

Lorsqu’en Avril, mois des fauvettes,
Des nids joyeux et de leurs fêtes,
Naquit l’enfant, là-bas, chez nous,
La mère, en l’étreignant contre elle,
Sentit, sous la poitrine frêle,
Un petit cœur battre à grands coups.

L’enfant vécut. Nul n’a su dire
Combien frémit, combien soupire
Un doux cœur d’enfant qui se tait.
Chaque jour, pour des espérances,
Des désirs, des peurs, des souffrances,
Le cœur battait, battait, battait.

Il connut les premières peines,
Les désespoirs, les folles haines,
Les rêves de l’adolescent ;
Et les prunelles d’une femme,
Quand elles rencontraient cette âme,
La troublaient en la caressant.