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L’Âme du Petit.

L’ÂME DU PETIT

Le petit meurt. Glacée et pâle,
La mère sanglote et se tait.
Elle a cru toucher, dans un râle,
L’âme du petit qui partait.

C’est que, sitôt l’adieu suprême,
L’étreinte ardente ou l’appel fou,
Les âmes de ceux que l’on aime
S’en vont là-haut, on ne sait où.

Loin de la mère épouvantée
Qu’elle a caressée en passant,
L’âme du petit est montée
Au fond du ciel resplendissant.

Elle eût pu voir, dans ces abîmes
D’où nulle âme ne s’en revient,
La splendeur des astres sublimes :
L’âme du petit ne voit rien.