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CH. II. LA CONQUÊTE ROMAINE.

sacerdotale refusèrent de secourir les Véiens. La légende ajoute que dans cette guerre les Romains enlevèrent un aruspice véien et se firent livrer des oracles qui leur assuraient la victoire ; cette légende ne signifie-t-elle pas que les prêtres étrusques ouvrirent la ville aux Romains ?

Plus tard, lorsque Capoue se révolta contre Rome, on remarqua que les chevaliers, c’est-à-dire le corps aristocratique, ne prirent pas part à cette insurrection[1]. En 313, les villes d’Ausona, de Sora, de Minturne, de Vescia furent livrées aux Romains par le parti aristocratique[2]. Lorsqu’on vit les Étrusques se coaliser contre Rome, c’est que le gouvernement populaire s’était établi chez eux ; une seule ville, celle d’Arrétium, refusa d’entrer dans cette coalition ; c’est que l’aristocratie prévalait encore dans Arrétium[3]. Quand Annibal était en Italie, toutes les villes étaient agitées ; mais il ne s’agissait pas de l’indépendance ; dans chaque ville l’aristocratie était pour Rome, et la plèbe pour les Carthaginois[4].

La manière dont Rome était gouvernée peut rendre compte de cette préférence constante que l’aristocratie avait pour elle. La série des révolutions s’y déroulait comme dans toutes les villes, mais plus lentement. En 509, quand les cités latines avaient déjà des tyrans, une réaction patricienne avait réussi dans Rome. La démocratie s’éleva ensuite, mais à la longue, avec beaucoup de mesure et de tempérament. Le gouvernement romain fut donc plus longtemps aristocratique qu’aucun autre, et put être longtemps l’espoir du parti aristocratique.

  1. Tite-Live, VIII, 11.
  2. Id., IX, 24, 25.
  3. Id., X, 1.
  4. Tite-Live, XXIII, 13, 14, 39 ; XXIV, 2, 3.